jean-michel YOLIN                                                                                                                 30 Aout 2003

Rentrée des classes, Rentrée des affaires
(édito pour Mid e-News)

La canicule n'a malheureusement pas suffit à réchauffer le climat des affaires et c'est plutôt la sécheresse qui affecte les trésoreries :Mais faut-il compter uniquement sur la pression atmosphérique pour assurer la prospérité de nos entreprises?

Face à la mondialisation, une seule question à poser chaque matin à son miroir : "Suis-je toujours le plus compétitif"?

Les nouveaux acteurs Chinois et Indiens pour ne citer qu'eux ont massivement investi dans la matière première stratégique du 21ème siècle : la matière grise et c'est aujourd'hui plusieurs centaines de millions de nouveaux acteurs économiques qui ont atteint les standards de qualification européens (GE y a développé un de ses 4 laboratoires mondiaux et les banques d'affaire y décentralisent leur analyse financière). Ceux-ci sont de plus armés de la rage de vaincre ne comptant pas leurs heures et acceptant des rémunérations relativement modestes

Nos "avantages acquis" (capitaux, usines, marques, brevets,..) peuvent permettre de "lisser" le déclin qui nous menace, mais seule une vraie compétitivité nous permettra de rester dans la course

Dans cet immense défi, les Technologies de l'Internet (qu'il serait suicidaire de réduire au e-commerce qui en représente à peine 2%) sont un outil incontournable qui permet d'écraser les couts (administratifs, logistique, achats, SAV,…) les besoins en capitaux (réduction des stocks) et les délais (tant pour la conception que pour la fabrication) tout en accroissant réactivité et flexibilité

Nouveau système nerveux des entreprises et des relations interentreprises, elles impliquent bien entendu des mutations très profonde pour chacun des métiers (achats, production, gestion, bureau d'étude, marketing, SAV, DRH, finances,…) et conduisent à une recomposition du tissu économique (recentrage sur le cœur de métier, internationalisation, sous-traitance, partenariats, travail en réseau, entreprise virtuelle, fabless company,…)

Si ces mutations n'exigent pas d'investissements lourds, elles sont particulièrement difficiles à conduire sur le plan humain : changement de métier, changement d'organisation, changement dans les rythmes, changements dans les pouvoirs), et ce d'autant plus qu'elle impliquent une mutation d'ensemble de toutes les entreprises concernées (c'est aussi vrai des entreprises du tourisme que de celles de l'aéronautique cf programme e-pme de l'afnet…)
Les Technologies de l'Internet sont en fait des "standards transactionnels" (le plus connu étant IP : Internet Protocol) et la notion de NST (Nouveaux Standards Transactionnels) serait beaucoup plus pertinente que celui de NTIC : elles n'atteignent donc leur véritable efficacité que si toutes les entreprises partenaires les utilisent dans leurs process internes et externes

Rappelons pour mémoire, comme Daniel Kaplan l'a montré dans un précédent édito, qu'une telle évolution nécessite des infrastructures à haut débit (pas de l'ADSL bridé à 100kbps qui ne mérite pas ce qualificatif)

N'oublions pas en outre que nous sommes des Gaulois et qu'il va nous falloir passer d'une logique statique de territoire "ce qui est à moi et à moi, ce qui est à toi ça se négocie" à une logique dynamique de réseaux : dans ce domaine la fracture numérique Nord/Sud passe à Bruxelles entre pays latins et pays anglo-saxons (…et notre retard dans l'utilisation performante des technologies de l'internet est actuellement loin de se résorber)

Heureusement une autre caractéristique des Gaulois est qu'ils ne sont jamais meilleurs que dans les situations critiques … encore faut-ils qu'ils en soient véritablement conscients

Jean-Michel Yolin
Ingénieur Général des Mines
Auteur du rapport "Internet et Entreprises : Mirages et Opportunités"
"il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait" (Churchill)