Jean-Michel YOLIN  Grégoire POSTEL-VINAY   - 22 février 1999 -
Nouvelles technologies de l'Information et de la Communication
Une chance à saisir pour développer la création d'entreprises et l'emploi

Table des matières



 
 


Principales actions recommandées

  •  Formation et sensibilisation à la création d'entreprises dans les Ecoles de commerce et d'ingénieurs, Commencer par les écoles dépendant du SEI
  • I. La création d'entreprises dans les NTIC: un enjeu majeur, un problème spécifique

    A Un enjeu majeur :

    1. Pour le développement économique, l'emploi et la balance commerciale,

    La création d'entreprises, notamment dans un secteur susceptible de créer des emplois qualifiés, de générer des produits ou des services ayant un marché mondial, est évidemment d'une grande importance pour le renouveau de notre tissu économique.

    Or, le secteur des NTIC est aujourd'hui, et de loin, celui qui offre le plus d'opportunités nouvelles, comme le montrent les exemples de plusieurs pays de l'OCDE et notamment les USA, le Canada mais aussi les pays d'Europe du Nord

    Aux États-Unis, ce secteur est passé en tête de tous les autres, tant en ce qui concerne sa contribution au PNB (6,2% en 1996) que sa part dans l'emploi salarié (de 4 à 6,5% selon le périmètre de l'analyse). Il représentait en 1996 près du quart des exportations de ce pays. Là-bas comme en Europe, la croissance de la production et de l'emploi dans ces secteurs "tire" la croissance globale.

    Contribution du secteur "infomatique-télécommunications"

    à la croissance de l'économie et de l'emploi en 1997
     
    Union Européenne* États-Unis**
    Contribution à la croissance 15% 28,3%
    Contribution à la création d'emplois 25% 10,5%
    * Source : Commission Européenne, "Job opportunities in the Information Society" ; ** Source : US Department of Commerce

    En ajoutant aux secteurs "informatique -- télécommunications" stricto sensu ceux de l'édition, de l'audiovisuel et de la publicité, l'Union Européenne estime leur part du PNB à 5%. L'emploi y croît 5 fois plus vite que dans l'économie en général (3% contre 0,6%).

    Dans cette acception large, et en y ajoutant le commerce électronique, l'Institut Aspen estime que les NTIC sont responsables de 40 % de la croissance du PIB américain et ont présidé à 60 % des créations d'emploi sur ces dernières années (conférence de Lyon mars 98)

    2. Les innovations radicales proviennent quasiment toujours d'entreprises nouvelles, qui seront les leaders de demain.

    Les innovations majeures ne viennent que rarement des structures établies (que l'on nomme communément par un terme popularisé par JM. Billaut les "Empereurs") car celles-ci sont souvent prisonnières de structures lourdes, de personnel mal préparé à une mutation radicale, d'un réseau de distribution qui paralyse les changements commerciaux rapides,...et bien souvent elles ne développent une activité Internet que de façon marginale

    "dip your toe in the water strategy doesn't work"dit l'adage

    Aussi de plus en plus de grands groupes, après une première phase de mépris pour ces jeunes étudiants, prenant la mesure du danger, commencent à créer des fonds de "corporate venture" pour être présents au capital de ces nouveaux venus, sans les étouffer prématurément dans leurs lourdes structures en les rachetant : Vivenditure (Vivendi associé à d'autres industriels européens et américains), Auriga (Rhône-Poulenc, Danone, AXA), Innovacom (France Télécom), Dassault développement, Thomson CSF Venture, Flavius investissement (LVMH), Club de développement (Pinault Printemps Redoute),

    C'est la raison pour laquelle tous les leaders dans les secteurs nouveaux sont de jeunes entreprises "qui ne pensent qu'à ça" (les "barbares") qui n'ont pas d'inertie interne à vaincre, qui n'ont rien à perdre et qui bousculent allègrement les structures établies : Amazon.com, e*trade, allappartment.com, Dell computer, Onsale, Autobytel, Yahoo ! Worldcom, Cisco, AOL, ...

    La même semaine une PME de quatre ans d'âge, Excite, se vendait plus cher (6,7 milliards de dollars) qu'une grosse entreprise centenaire très convoitée, Volvo (6,3 milliards de dollars) et Yahoo!, après avoir absorbé Geocities, atteint la même valeur que le nouveau groupe Société générale-Paribas tandis que symboliquement AOL avec 63 milliards de dollars dépassaient Disney (61 milliards malgré un chiffre d'affaires 10 fois plus élevé) et que Microsoft prenait la tête du classement mondial devant General Motors

    Une expression a vu le jour pour décrire ce phénomène :"to be Amazoned"

    Il serait très dommageable pour notre économie que tous les "barbares" soient étrangers.

    3. Les premiers arrivés prennent les places et sont ensuite très difficilement délogeables

    Internet est davantage une économie de normes, de standards, que de technologie.

    Le coût d'un logiciel est quasiment un coût fixe et ne dépend pratiquement pas du nombre de clients: si vous multipliez par 1000 le nombre de vos clients vous divisez pratiquement par ce même chiffre votre prix de revient unitaire...

    Aussi le marché est-il au départ d'un nouveau produit extrêmement instable quand plusieurs compétiteurs s'affrontent : celui qui arrive à distancer ses concurrents se retrouve très rapidement en position dominante, inexpugnable, en devenant la référence dans son secteur tandis que le marché se concentre sur lui :

    Yahoo !, AOL et Amazon.com ont par exemple atteint un taux de notoriété spontané supérieur à 50% ce qui donne à ces entreprises une valeur boursière sans commune mesure avec leur chiffre d'affaire et leurs résultats financiers :

    AOL "vaut" 63 milliards de $, Yahoo! atteint 35 milliards de $ pour à peine plus de 200M $ de CA , et Amazon 17 milliards de $ bien qu'elle fasse encore des pertes.

    Quant à Lucent et Nortel ils ont du respectivement débourser20 et 8 pour racheter Ascend et Bay-Networks afin de rattraper le retard qu'ils avaient pris sur les technologies internet

    Même si cet engouement est jugé par certains financiers exagérément spéculatif, (notamment parce que la possibilité offerte au public de procéder d'un clic à des achats et des ventes en bourse, quasiment sans frais, peut conduire certains à des comportements boursiers ne prenant que peu en compte les fondamentaux économiques. Or le pourcentage de tels achats directs atteint maintenant pour ce type de valeurs un pourcentage très significatif du marché) et même si le marché est très volatil, il n'en reste pas moins qu'il est désormais aux Etats Unis à la fois majeur par sa taille, et a connu une croissance en valeur du capital de plus de 120% en 1998, contre un peu plus de 20% pour les 500 premières autres valeurs.

    La prime aux entrants est déterminante : si la stratégie du " me too " (qui consiste à emprunter les mêmes voies que les actuels leaders sans apporter d'idées réellement neuves) connaît parfois des succès dans la pharmacie, même s'ils sont bien souvent relatifs, elle ne saurait ici être gagnante.

    Malgré les moyens considérables déployés par Barnes&Noble, le leader historique des libraires, malgré son alliance avec Bertelsmann et Hachette on voit ses difficultés à essayer, avec un succès jusqu'à présent non confirmé, de rattraper le temps perdu

    Un argument que l'on entend souvent en effet dans notre pays paraît extrêmement pernicieux :

    " toutes ces entreprises ne reposent en fait que sur une bonne idée en matière de marketing, elles ne bénéficient d'aucune protection technologique, laissons-les donc essuyer les plâtres, créer le marché et les nouveaux entrants bénéficieront de l'expérience et pourront "ramasser la mise" "

    Mais ne peut-on pas tenir le même raisonnement sur Coca-Cola ? Des dizaines d'entreprises se sont mises depuis une dizaine d'années à fabriquer et vendre des colas en profitant d'une "éducation du goût" déjà faite. Et pourtant peu d'entre elles approchent la capitalisation boursière du leader historique

    Les pioniers bénéficient en effet, grâce à leur situation de "référence", et au caractère innovateur des services qu'ils offrent d'une énorme publicité gratuite (sans même compter ce rapport) : il y a peu de journaux qui ne parlent chaque semaine, sinon chaque jour, d'Amazon.com et de Yahoo! avec des connotation jeune, dynamique, conquérant et sympathique, alors qu'en contrepoint se dessine l'image de lourdeur de vieux de manque d'imagination des "Empereurs", l'image de Goliath contre David

    Amazone et Yahoo! Ont atteint en trois ans un taux de notoriété spontanée de 50 % que les très grandes marques ont mis souvent des décennies à obtenir

    Ceci est un premier atout d'une valeur considérable que notre culture a tendance à sous-estimer

    Deuxième atout : avec la mondialisation tout internaute se trouve placé en position de choisir entre des centaines sinon des milliers de références. Dans ce contexte deux éléments sont déterminants

    -- le prix car c'est un élément qui se prête à des comparaisons faciles notamment grâce aux agents intelligents

    -- la notoriété de la marque facteur de confiance qui offre un repère essentiel milieu de cette jungle

    en termes de rentabilité pour le marchand le second est souvent considéré comme le plus important

    troisième atout: de plus en plus les sites marchands véritablement performants pratiquent le "softselling", c'est-à-dire qu'ils offrent aux visiteurs de très nombreux services gratuits afin de les fidéliser et de faire de leur site la référence de la profession : analyse financière pour E*trade, critique littéraire, club de lecteurs, moteur de recherche pour Amazone.com, banque de données géographiques pour allappartments.com,...

    Cela représente de très lourds investissements, facilement amortis quand les clients se comptent par millions et, à l'inverse, extrêmement difficiles à financer pour le nouveau venu : rappelons que les logiciels ou les sites sont des coûts fixes et que, de ce fait, leur prix de revient est inversement proportionnel au nombre de clients. Dans la net-économie il y a une prime considérable pour le leader car il peut vendre moins cher, voir même fournir ses services gratuitement, tirer des revenus substantiels de la publicité, et accumuler les moyens financiers pour creuser la différence en termes de qualité et pour racheter ses concurrents malheureux

    Ceci est une des explications des cours de bourse actuels, totalement déconnectés des chiffres d'affaires et des bénéfices d'aujourd'hui

    Il est donc extrêmement important pour notre pays de faciliter l'émergence de telles start-up, et de créer un environnement qui ne les oblige pas à se vendre très vite à des entreprises étrangères. Le seul domaine aujourd'hui où ce sont des start-up françaises qui dominent le marché mondial est celui des cartes à puces, avec Gemplus.

    Mais il est vrai que 1998 a été la première année de décollage d'internet en tant qu'outil grand public en France, avec aujourd'hui 6% environ de la population concernée, contre presque rien il y a 18 mois : ceci va nécessairement créer un marché et, par le fait même, susciter des vocations.

    B La création d'entreprise dans les NTIC présente de fortes spécificités par rapport aux autres secteurs

    Plus que dans d'autres domaines, la création d'entreprises dans les NTIC concerne les jeunes pratiquement dès la fin de leurs études comme le montrent bien des success-stories

    En effet :

    1. Peu de capitaux et d'expérience professionnelle requise pour démarrer

    · au moins dans un tout premier stade, créer une entreprise dans ce domaine, demande très peu de capitaux
    Par ailleurs, même si pour les entreprises ayant pu saisir un créneau commercial à très forte croissance les besoins de financement peuvent s'avérer extrêmement important très rapidement, il ne faut pas pour autant oublier que toutes les PME n'ont pas des rythmes de croissance identique :

    parmi les entreprises de petite taille on peut en effet distinguer trois catégories : les enfants les nains et les pygmées

    · ceci ne demande pas non plus d'expérience professionnelle : ces métiers étant radicalement nouveaux, un jeune aujourd'hui, à la sortie du système scolaire dispose d'un bagage technique et d'idées neuves que n'a souvent pas un cadre plus âgé ;
    2. Un jeune diplômé est naturellement bien en phase avec ces nouveaux marchés

    les internautes ont aujourd'hui 13 ans de moins que la population moyenne, ont fait des études supérieures à 80 % et disposent néanmoins d'un revenu double de celle-ci : c'est un public qu'un jeune diplômé est particulièrement à même de "sentir" :

    L'internaute " consommateur " a l'esprit critique, il est allergique à toute forme de matraquage ou de manipulation : Il constitue ainsi une cible très différente de celle qui sert de référence au marketing classique (la traditionnelle et caricaturale "ménagère de 50 ans") et à la TV (considérée par beaucoup d'internautes comme "une machine destinée à l'abrutissement distractif des masses" (C. Huitema) ) ;

    L'internaute " créateur ", entrant dans la vie active, est particulièrement à même de sentir le décalage entre les aspirations des jeunes de sa génération et le système économique issu de l'histoire et donc les opportunités de développer des initiatives nouvelles

    Un exemple typique : ICQ (I seek you) est parti de l'initiative de trois jeunes au sortir de leur service militaire qui ont ressenti le besoin d'un outil permettant à des internautes de bavarder entre eux sur le Web de façon simple et économique : ils ont revendu leur jeune entreprise 587 millions de dollars

    Les créateurs de geocities ont, pour leur part, eu l'idée d'offrir gratuitement aux internautes des outils pour créer leur home page ainsi que l'hébergement de celles-ci (3,5 millions de sites, 32 millions de pages vues, valeur boursière 3,5 milliards de dollars

    De même Yahoo! est partie du constat, par deux jeunes universitaires, qu'il manquait à leurs camarades un annuaire des sites, car ceux-ci se faisaient de plus en plus nombreux et il devenait difficile de s'y retrouver (dernières estimations boursières 35 milliards de dollars pour 200 millions de dollars de chiffre d'affaires

    3. Un domaine où la croissance de l'entreprise et la maîtrise d'un marché l'emporte sur une vision patrimoniale de contrôle et de transmission familiale

    Le caractère extrêmement évolutif tant des technologies que des marchés condamne toute approche statique ou malthusienne : elle implique souvent que le chef d'entreprise sacrifie son pouvoir en acceptant des prises de contrôle majoritaires pour ne pas brider l'expansion de son affaire (ce qui la conduirait dans bien des cas à la disparition) : Le nombre de sociétés rachetées par d'autres entreprises est 8 fois plus élevé que le nombre d'introductions en bourse

    "Ce qui est important ce n'est pas de faire des bénéfices, bien au contraire : ce qui est important c'est de gagner de l'argent. Si l'entreprise fait rapidement des bénéfices, c'est soit que l'idée n'était pas très intéressante, soit qu'elle a été gachée en n'investissant pas massivement dès le départ pour devenir la référence mondiale dans le domaine" Eric Benhamou CEO de 3Com

    Dans les NTIC, le créateur se focalisera davantage sur la création de plus-values, gage de croissance forte à terme, que sur la réalisation de bénéfices rapides

    4. C'est l'age ou l'on peut se permettre de prendre des risques

    De plus, créer une entreprise comporte toujours une part de risque. Or le jeune diplômé qui n'est pas encore "installé" dans la vie et qui en général n'a pas encore de charge de famille n'a rien à perdre dans l'aventure. Il est à une époque de sa vie particulièrement favorable à ce type de prise de risque.
     

    II. typologie des entreprises dont on peut considérer la création comme directement liée au développement de l'Internet

    D'après une nomenclature esquissée par Jacques Dondoux, Secrétaire d'État au commerce extérieur

    1. Les "Chercheurs d'or" : Entreprises exploitant l'internet pour développer leurs activités :

    VPC (Wallmart, les trois Suisses, Waquez...), publicité, éditeurs (Cylibris, 0h00, les Echos,...), intermédiaires financiers (e*trade,...), fédérateurs de communautés (relais & châteaux,...), ventes aux enchères (Onsale, Degrifftour,...), bourses et places de marché virtuelsqui (business-angel.com,...), nouveaux intermédiaires comme les fédérateurs de communautés (type autobytel ou allappartments.com.), petites annonces, galeries marchandes, vendeurs de fichiers, centre d'appel, «pousseurs d'informations» push (Qwam,...),...

    2. les "fabricants de pelles et de pioches" : Entreprises créées pour développer des outils contribuant au commerce électronique :

    Jusqu'à l'an dernier, certains s'interrogeaient pour savoir si comme lors de la ruée vers l'or du siècle dernier, ce ne seraient pas les seuls à faire véritablement des bénéfices

    Sont concernés les logiciels de création de boutiques (intershop,...), de paiement électronique (Kleline,...), de cryptage (Beauzamy, Matra,...), les agents intelligents, les moteurs de recherche (voilà, alta-vista,...), les jeux (infograme,...), les CD ROM, les catalogues intelligents, les outils de formation, la téléphonie IP (applio,...), le " click&talk ", la recherche de données , le  data mining " (Umap,...), le" groupware ", la visualisation 3D, l'EDI, les formulaires électroniques (Systemia,...), la messagerie (eudora,...), le traitement d'image (corel,...), la traduction automatique (Systran,...), la cartographie, les cartes à puce (gemplus,...), les modems (olitec,...), les routeurs (cisco,...), ...

    3. les "Maréchaux ferrants" : Entreprises de service Internet :

    - Fournisseurs d'accès, SSII, hébergeurs, tiers de confiance, faiseurs de Web, sécurité, ..

    4. " Sherif, Saloon et banquiers" : Entreprises n'utilisant par nécessairement Internet mais créées à partir des nouveaux besoins qu'il génère :

    Logistique, Business Angels, revues spécialisées, formation, cabinets de conseil, distributeurs, avocats (notamment en propriété intellectuelle),....

    Nous considérerons tout à la fois les créations "ex-nihilo" et les essaimages à partir des grands groupes car beaucoup de créations d'entreprises se réalisent de cette façon : les grandes entreprises européennes semblent cependant beaucoup plus réticentes que celle d'outre-Atlantique à laisser filer leurs technologies même si elles ne sont pas les mieux placés pour les développer. Une exception peut-être Thomson et de l'origine de très nombreux essaimages
     
     

    III. Quelques premières mesures à prendre pour faciliter la création d'entreprises dans le domaine des NTIC

    A Formation et sensibilisation à la création d'entreprise :

    Le rapport réalisé par Robert Chabbal, Jacques Béranger et Fabrice Dambrine, récemment remis au ministre qui en a approuvé les conclusions. ( http://www.cgm.org/chabbal/entrepreneur/entrepreneur.pdf), a mis en évidence trois points et en ont tiré une conclusion

    1. aujourd'hui, paradoxalement, les diplômés des grandes écoles d'ingénieurs créent deux fois moins d'entreprise que la moyenne des Français

    ceci n'est pas le cas pour leurs homologues anglo-saxons)

    2. l'expérience de ces pays montre que , si des qualités de caractère sont indispensables pour réussir une création d'entreprise, le métier d'entrepreneur est un métier qui s'enseigne

    3. devenir entrepreneur est un projet professionnel qui a un sens

    4. Il convient donc que les Ecoles fassent évoluer leurs enseignements pour favoriser la création d'entreprise, et plus généralement la création d'activité, parmi leurs anciens élèves

    - Cette recommandation s'adresse tout particulièrement aux écoles d'ingénieurs pour la création d'entreprises à dominante technologique.

     

     
     
     
     
     

    - Les Ecoles dépendant du ministère de l'économie des finances et de l'industrie se doivent d'être particulièrement exemplaires dans ce domaine.

    cette formation entrepreneuriale devra comprendre:
  • une formation à la création d'activité (incluant notamment le marketing et la finance adaptée aux PME), enseignée dans le cadre du tronc commun de toutes les écoles (sans transformer bien entendu celles-ci en écoles de gestion, la maîtrise des technologies et des méthodologies devant rester un objectif majeur de la formation d'ingénieur).

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    · une formation à la création d'entreprise proprement dite, visant les élèves les plus motivés, dans le cadre d'options ou de parcours adaptés individuellement qui, dans un premier temps tout du moins, seront seulement délivrées dans certaines écoles.

    · Il serait bon de disposer d'écoles pilotes ayant déjà engagé des actions dans ce domaine et dont l'expérience pourrait être utile aux autres écoles ; elles devraient de ce fait bénéficier d'un appui particulier.

    · Il conviendra d'infléchir dans le sens de la formation entrepreneuriale un certain nombre d'outils de formation utilisés par les écoles d'ingénieurs (projets d'ingénieurs, stages, tuteurs entrepreneurs) ; les activités extrascolaires ne devront pas être oubliées dans cette réflexion (junior entreprise, organisation d'évènements par les élèves,... ).

    · Le concours des associations d'anciens élèves sera activement recherché, notamment pour les témoignages et le tutorat.

    · Les éléments intervenant dans les processus d'innovation et la gestion des ressources technologiques devront être enseignés (et notamment la protection de la propriété intellectuelle et ses limites);

    à cet égard, des expérimentations pourraient être utilement conduites visant à conjuguer technologie et activités de nature sensiblement différente notamment artistiques et culturelles

    Des collaborations devront être instaurées entre les écoles d'ingénieur et les écoles de gestion ayant développé des compétences dans ce domaine

    Ces collaborations ne devront pas se limiter à l'aspect scolaire afin de favoriser la création d'équipes mixtes technologie-gestion, basée autant sur les affinités personnelles que sur les complémentarités professionnelles (compétitions sportives, organisation d'évènements culturels,...).

    Pour les écoles qui auront fait le choix d'axer leur projet pédagogique sur la formation à l'entrepreneuriat, les membres de l 'équipe dirigeante, et notamment le directeur de l'école, devront être choisis en fonction notamment de leur forte motivation pour la formation entrepreneuriale.

    · Le nombre d'enseignants aptes à s'impliquer dans la formation entrepreneuriale devra être notablement augmenté par une politique volontariste de recrutement et de formation. En particulier, il faudra faire appel moins à des professeurs permanents qu'à des professionnels extérieurs travaillant pour des jeunes entreprises ou ayant vécu l'expérience de la création d'entreprise.

    · Dans les écoles d'ingénieurs à formation axée sur l'entrepreneuriat, les critères de recrutement des élèves devraient tenir compte de cette finalité, notamment pour le recrutement sur dossier, en cours de scolarité, où la prise en compte des motivations et des capacités humaines est plus facile qu'au niveau des concours.

    · Les incubateurs d'entreprises (voir chapitre suivant) devront être développés et une rémunération de type bourse pourrait être attribuée pendant un an (le cas échéant renouvelable une fois) au jeune créateur. Un travail devra être entrepris pour définir des critères d'évaluation plus pertinents des incubateurs ;

    Une réflexion devra être conduite pour examiner le type de services le plus utile au créateur (juridique, marketing, technologique, ...) en s'appuyant notamment sur l'examen des réalisations dans d'autres pays.

    En outre, les grandes écoles devraient constituer des centres de ressources pour les créateurs d'entreprises et un travail d'approfondissement devra être conduit sur ce thème.

    · Enfin des collaborations étroites devront être instaurées ou, lorsqu'elles préexistent, être développées entre les écoles d'ingénieurs qui peuvent avoir intérêt à mutualiser leurs moyens dans un certain nombre de domaines (échanges d'expérience en vue de dégager les meilleures pratiques, formation des professeurs, outils d'évaluation, possibilité de passage de certains élèves d'une école à l'autre pour optimiser les cursus);
    5. favoriser les créations par des chercheurs

    Les entreprises créées par des chercheurs ou post-docs connaissent un taux de succès plus grand que la moyenne comme l'a bien montré les études conduites par Philippe Mustar du centre de sociologie de l'innovation.

    La seule chose que l'on puisse déplorer en l'espèce, reste leur très petit nombre : on peut espérer que la future loi sur l'innovation pourra permettre une évolution de cet état de fait, en particulier dans le domaine des NTIC

    Ce projet de loi vise en effet à favoriser les collaborations entre les personnels de recherche et les entreprises. Il prévoit notamment que les chercheurs et enseignants-chercheurs pourront être autorisés à créer une entreprise sans rompre définitivement les liens avec leur organisme d'origine.

    La région de Cambridge compte à présent mille PME de technologie qui ont ensemble créé 35.000 emplois directs

    B L'ambiance culturelle est aussi très importante.

    1. Elle dépend entre autres d'articles de presse, d'émissions de télévision, pour la sensibilisation des jeunes à la création d'entreprises.

    Les émissions sur la création d'entreprises à la télévision à une heure de grande écoute sont encore très rares, et il y aurait à les développer en montrant des exemples de réussite de création d'entreprises.

    Cela pourrait être fait lors de la fête de l'Internet, et s'appuyer par exemple sur les résultats du concours des Electrophées, et d'autres initiatives de ce type

    Le niveau régional devra être sollicité à cette fin (certains ont toutefois fortement souligné le danger de trop multiplier les concours qui dans certains cas peuvent détourner le créateur de l'essentiel, qui n'est pas de gagner des prix).

    2. Elle dépend également de la reconnaissance sociale du créateur

    "j'ai été invitée à parler à la Maison-Blanche " souligne Tara Lemmey, créatrice de Narrowline (place de marché électronique pour la publicité sur Internet) : aux États-Unis les créateurs d'entreprise sont considérés comme des héros. Les sociétés européennes ne leur donnent pas une place suffisamment prestigieuse de leur imaginaire collectif

    Dans la symbolique de la reconnaissance sociale française ne pourrait-on imaginer que des créateurs d'entreprise puisse être reçus dans l'ordre de la Légion d'honneur par le président de la République à l'instar de ceux qui ont ramené une médaille aux jeux olympiques ou une coupe de football

    - L'idée de la création d'entreprise vient d'abord d'exemples vécus par des personnes relativement proches du créateur. Pour beaucoup de créateurs dans les NTIC, les stages ou les séjours effectués en fin de scolarité aux Etats Unis et notamment dans la Silicon Valley ont été décisifs :

    Les initiatives notamment des associations "croissance+" ( http://www.croissanceplus.com )et "Objectif 2010" (animée par des Français qui ont créé leurs entreprises en Californie), méritent à ce titre de continuer à être fortement soutenues.

    3. Outre-Atlantique il est valorisant d'avoir créé une entreprise, même si l'aventure s'est terminée par un échec et ce n'est malheureusement pas encore le cas chez nous:

    " Aux USA, les échecs antérieurs sont considérés comme des expériences enrichissantes et non comme des stigmates honteux " (Aspen mars 98)

    La peur de l'échec est très certainement un obstacle important à la création d'entreprise, ou plus exactement, la peur des conditions qui sont faites par la suite à un entrepreneur ayant essuyé un premier échec.

    Proposition

    Outre les questions d'ordre sociologiques et culturelles sur lesquelles il faut conduire des actions, auprès de tous les acteurs et notamment des media et des responsables politiques, mais qui ne pourront porter leurs fruits qu'à moyen terme, il est proposé d'ouvrir d'ores et déjà aux créateurs la possibilité de bénéficier d'une indemnisation de chômage en cas d'échec.

    C Dispositif d'appui : incubateurs et Kiosque d'information

    1. Le créateur d'entreprise a besoin d'économiser son temps :

    Il doit se consacrer à son projet et surtout à ses clients et ce dans son coeur de métier.

    Pour cela il lui sera utile de pouvoir trouver avant même d'avoir créé juridiquement sa société une structure d'accueil (incubateur) lui apportant un support logistique (bureaux convenablement connectés à Internet, salles de réunion, moyens généraux, ...) capable de fournir les informations précises et complètes dont a besoin jeune créateur et facilitant l'accomplissement des formalités administratives dont tout le monde s'accorde à trouver qu'elles restent encore notablement trop lourdes. Beaucoup de jeunes créateurs estiment, peut-être injustement, que chaque administration ou organisme social s'attache davantage à défendre son pré carré qu'à faciliter la vie du créateur

    La mise en place de " kiosques " d'informations, regroupant tout à la fois les vade-mecum du créateur, répertoriant les différentes aides (financières, méthodologiques,...), donnant les points d'entrée sur les réseaux d'accès au capital risque (business angels...) et fournissant les éléments de référence (" foire aux questions "...) est un axe de réflexion sur lequel il convient que les ministères se penchent, avec les DRIRE l'ANVAR et l'agence pour la création d'entreprise (APCE).

    2. Il a besoin d'être connecté à des réseaux :

    · de conseils, voire de formation, dans des domaines qu'il ne maîtrise pas encore (gestion, problèmes juridiques ...)

    · scientifiques et technologiques : pour pouvoir répondre aux difficultés rencontrées au cours du développement du projet.

    · financiers (Business Angel, capital risque, capital de proximité, banque,...) pour le montage financier du projet

    · industriels car la petite entreprise ne pourra en général se développer qu'en restant centrée sur son métier et aura sans doute besoin de partenaires ou de sous-traitants, de fournisseurs et de clients.

    C'est la raison pour laquelle il paraît tout à fait important d'encourager la création d' "incubateurs" ou le développement de ceux qui commencent à se mettre en place

    - bien connectés certes à des centres de ressources technologiques mais également, et c'est aussi déterminant pour le succès, à des établissements d'enseignement assurant une formation à la création d'entreprises et dont les professeurs sont susceptibles d'accompagner les créateurs notamment dans le domaine de la gestion et du droit.

    - et implantés dans une technopole à proximité de pépinières d'entreprises, bien reliée au tissu industriel et financier.

    Les business angels pourraient être utilement sollicités pour procéder à la sélection des candidats en fonction de la qualité du projet, de la capacité du créateur à le conduire et surtout à l'existence d'un marché.

    3. Ces incubateurs doivent également pouvoir servir de centres de ressources pour les autres créateurs locaux.

    Leur nombre et leur taille doivent être pensés en fonction du potentiel existant afin d'éviter le double handicap pour les créateurs que serait un malthusianisme excessif, mais aussi un trop plein de structures sous-critiques.

    4. Proposition : Une mission devrait être diligentée pour définir les règles de bonne pratique pour les incubateurs

    Le lancement prochain d'un appel à propositions dans le cadre d'un fonds d'amorçage doté de 200 millions de francs devrait notamment permettre le financement d'incubateurs et la création de fonds d'amorçage privés. Un certain nombre d'initiatives ont été lancées ces dernières années avec des succès divers il conviendrait, au moment ou ces initiatives sont destinées à prendre de l'ampleur, d'affiner l'analyse déjà conduite dans le rapport précité afin de préciser les conditions optimales pour le succès de telles structures.

    D'ores et déjà il semble nécessaire, pour permettre l'éclosion d'un nombre significatif de ces nouvelles entreprises, de mobiliser une forme basique de "Seed capital" : des bourses pour les "incubants" analogues dans leur montant à celles offertes aux " doctorants " attribuées pendant un an (et le cas échéant renouvelable une fois) et de donner de même à ces incubants un minimum de couverture sociale

    Ceci se pratique d'ores et déjà dans un certain nombre de région (comme par exemple à l'école des mines d'Alès) à partir de financements d'origine multiple (locaux, régionaux et européens) mais au prix d'une précarité préjudiciable à l'efficacité et d'une dépense d'énergie considérable qui pourrait être employée plus utilement

    Il semble qu'en Israël un tel dispositif a été mis en place et s'avère tout à la fois peu onéreux et très efficace

    Les bourses de recherche affectées à des laboratoires dont l'expérience montre qu'elles débouchent sur la formation de chômeurs de haut niveau (notamment dans les biotechnologies) pourraient sans doute utilement être redéployé pour financer ce dispositif

    D Le financement de la création d'entreprises et du développement des jeunes entreprises : manque d'argent ou manque de projets ?

    Qui n'a entendu ces affirmations aussi péremptoires qu'apparemment contradictoires?: 1. Paradoxalement les deux sont vrais :

    la contradiction vient du fait que la notion de "bon" projet recouvre tout à la fois une notion de qualité, mais aussi, et c'est de là que vient l'ambiguïté, une notion de maturité

    En fait, le financement d'une entreprise de sa naissance à sa mort, en passant par la croissance, les mariages ou les cures d'amaigrissement correspond à des métiers extrêmement différents que l'on a trop tendance à regrouper sous un terme générique, générateur d'incompréhensions, et de malentendus : "les banquiers".

    2. Soyons clairs : le banquier stricto sensu, celui qui prête l'argent des autres, ne peut et ne doit prendre de risques que très limités:

    - quand son client le rembourse il gagne 2 % sur le prêt

    - quand son client est défaillant il perd 100 %

    Cet aspect asymétrique fait que son métier est d'assurer la liquidité, non de financer des risques : il vend (et il crée), il achète "de l'argent", pas des risques. Le voudrait-il d'ailleurs qu'il ne le ferait sans doute pas avec bonheur car son personnel n'a pas été formé pour cela et en serait bien incapable.

    Il n'en reste pas moins que dans la limite des contraintes de son métier il doit être capable de fournir à la jeune entreprise de façon simple et rapide les moyens techniques de "faire tourner sa boutique" (en particulier pour la trésorerie).

    Le groupe de travail et les interviewés ont insisté sur un point : l'autorisation "VPC" qui permet à un commerçant d'encaisser les paiements par carte de crédit pour les ventes en ligne et qui n'est aujourd'hui accordée qu'au compte-gouttes.

    3. Les investisseurs : Ceux dont le métier est le commerce du "risque"

    Ils ne peuvent gagner leur vie que si les succès permettent de financer les inévitables échecs et de rémunérer convenablement le capital engagé par les actionnaires : on peut accepter de perdre 100 (en fait seulement 50 dans bien des cas grâce à l'intervention de la SOFARIS) quand l'entreprise disparaît quand on sait que l'on gagnera 100 ... ou 1000 quand elle réussira son aventure

    Ce métier est celui des investisseurs et pour y réussir, les qualités requises exigent bien davantage une expérience professionnelle industrielle que purement financière comme le montre bien la pratique américaine.

    4. Mais cette profession elle-même se subdivise en de nombreux métiers,

    Chacun étant spécifique à un type d'entreprise ou à une phase de sa croissance et par là même a sa propre définition du "bon" projet (càd celui qui correspond à ses critères de sélection). Un seul chaînon fût-il défaillant, toute la chaîne le devient.

    Essayons d'en dresser un rapide paysage en se limitant au champ de la création et à celui des jeunes entreprises.

    a) Le capital risque : le plancher du million de dollars

    Ces fonds s'investissent aujourd'hui pour l'essentiel dans les NTIC (et dans une moindre mesure dans les biotechnologies)

    Alimenté dans une large proportion par les fonds de pension, il est aujourd'hui pour une grande part d'origine américaine.

    Les FCPI (fonds communs de placement innovation) et les contrats DSK (assurance vie dont 5% sont investies dans des sociétés non cotées ou inscrites au second marché), qui bénéficient d'avantages fiscaux, devraient lui apporter de nouveaux capitaux

    D'autres dispositions prises en 1998, relatives aux conditions de réinvestissement de produits de contrats d'assurance vie dans les sociétés de capital investissement ou actions de sociétés cotées au second marché, pourraient selon certaines estimations générer quelque 5 milliards de francs pour ces fonds.

    L'année 1998 a également vu la mise en place de dispositions permettant l'amélioration des fonds disponibles pour le capital risque : La dotation en avril d'un fonds de 600 millions de francs gérés par la Caisse des Dépôts et Consignations et destinés à abonder les fonds privés de capital risque pour accompagner et renforcer le démarrage de ceux ci en est une des manifestations les plus visibles. 300 millions en provenance de la banque européenne d'investissement sont venus compléter en décembre 1998 un dispositif qui pourrait au total générer entre 4 et 6 milliards de fonds propres pour les PME innovantes ou de haute technologie.

    Mais l'émergence de fonds de pension dans notre pays conforterait sans aucun doute cette industrie qui a vocation à jouer un rôle majeur dans la construction de l'économie de demain : celle qui paiera nos retraites (on peut en effet douter, contrairement à une idée parfois répandue dans la sphère sociale, que les intérêts sur la dette contractée pour financer le déficit de l'Etat soient, à long terme, une ressource sûre : les travaux récents du Commissariat au Plan permettent d'en donner une idée).

    Les états unis comptaient plus de 500 fonds de capital-risque en 1997 qui investissaient 60 milliards de francs, contre une quinzaine de fonds en France qui investissaient ensemble moins de un milliard de francs en véritable capital-risque dans les jeunes entreprises (colloque d'Aspen) ils affichent une rentabilité de 30 à 40% contre 17% en France : il est bien entendu encore trop tot pour évaluer l'impact des mesures prises en 1998 dont certaines ne prennent effet qu'en 1999

    " Il faudrait 20 à 30 Sofinova en France " déclarait récemment J. B. Schmidt lors du lancement du fond Sofinova capital 3

    Les mécanismes d'engagement de ce type de société, qui ont des fonds très importants à investir, nécessitent une étude de dossier "sérieuse" et, de ce fait, onéreuse, 200 KF en moyenne. Comme seulement un dossier sur 10 est financé cela veut dire que le coût d'entrée dans une entreprise est majoré de ces frais d'étude soit 2 MF. On comprend bien dans ces conditions que de telles sociétés ne peuvent pas se "pencher" sur des projets ne nécessitant pas au minimum 5 MF.

    Ce sont principalement les investisseurs du Venture capital, qui disent ne pas manquer de ressources financières, et qui se plaignent, à juste titre, de ne pas recevoir de "bons dossiers" (sous-entendu "qui sont à une phase de maturation justifiant d'y investir 5 millions de Francs).

    On peut effectivement constater avec eux que, pour ces "bons dossiers" là, ce sont les porteurs de projets qui sont en position de force et qui mettent même de plus en plus souvent les investisseurs en concurrence.

    Mais un projet ne nécessite que rarement 5 MF d'entrée de jeu lors de la création ou des premiers développements:

    Le chaînon défaillant aujourd'hui nous paraît être celui qui permet d'aller d'une "bonne idée" (c'est-à-dire un marché, un produit, un homme) à un projet suffisamment étayé (prototype, validation de marché, équipe de direction) pour passer à la phase de réel développement nécessitant 5 MF.

    Quelle solution ?

    b) Les marchés des capitaux : un élément déterminant pour le capital-risque

    Il s'agit pour ce qui concerne notre sujet du second marché, et surtout du Nouveau Marché (Fédéré maintenant dans Euro-NM) et l' EASDAQ, sans oublier le Nasdaq américain, qui a servi de modèles aux marchés européens mais qui, ayant démarré quinze ans plus tôt dispose d'une puissance qui le rend attrayant pour des projets ambitieux : cette concurrence est un aiguillon pour la réactivité et la compétitivité du Nouveau Marché.

    Les coûts d'introduction sont encore bien supérieurs aux frais d'étude de dossier du capital risque et, pour assurer un minimum de liquidité aux titres, le capital doit être à ce stade encore substantiellement plus important.

    Pour la création d'entreprise, l'élément majeur qu'a apporté le nouveau marché c'est la possibilité de sortie qu'il offre au capital risque. Ceci n'est qu'apparemment paradoxal : un investisseur ne peut accepter de "rentrer" que s'il sait qu'il pourra "sortir" dans des conditions convenables.

    Aucun investisseur n'acceptera de gaîté de coeur d'être "collé" et l'absence jusqu'à une période récente du Nouveau Marché est sans doute une des explications des performances décevantes du capital risque en France dans la dernière décennie.

    Sa croissance est donc un atout à conforter, étant entendu que sa participation aux levées de capitaux que permet l'Euro-NM, mesurée fin novembre 1998, restait encore trop modeste : pour caricaturer, la France mettait alors un franc dans ce marché lorsque l'Allemagne mettait un mark... et les Etats-Unis 160 $ (en "stock" la capitalisation du nouveau marché est de 5 GF, du Neue Markt de 5 GDM et du NASDAQ de 2000G$, mais avec des entreprises de tailles pour le moment différentes : le marché comporte en fait plusieurs segments).

    c) Le capital de proximité : une capacité de démultiplication

    Il y a de plus en plus de sociétés de capitaux de proximité, souvent encouragées par les pouvoirs publics locaux, et bénéficiant de l'appui technique et financier de la caisse des dépôts.

    Une adaptation de la législation sera sans doute nécessaire pour faciliter l'appel public à l'épargne par les structures de capital de proximité, dans la mesure où les réseaux internet ouvrent en l'espèce des possibilités nouvelles (qui sont d'ailleurs, aux Etats Unis, la raison de l'engouement brutal d'investisseurs individuels sur des valeurs très jeunes et en croissance, mais à fort risque).

    La difficulté que ces fonds rencontrent est celle de l'expertise, notamment pour les dossiers NTIC : ils peuvent participer utilement à un tour de table à condition que les dossiers soient "labellisés" de façon crédible (cf. plus loin). Ils offrent de ce fait un bras de levier extrêmement précieux pour démultiplier l'action des business Angels

    d) La "love money" : essentiel pour le démarrage

    C'est l'argent qu'apporte la famille et les amis, plus par affection que comme placement financier.

    Par extension des structures, comme celles qui sont réunies dans la Fédération des associations "Love Money pour l'Emploi" http://lovemoney.org ou comme le réseau Entreprendre pour créer des employeurs http://www.reseau-entreprendre.org et qui fonctionnent avec des frais de gestion réduits grâce à des bénévoles peuvent être classés dans cette catégorie.

    Les dispositions en matière d'encouragement au capital risque de proximité comprennent notamment l'aménagement et l'extension du dispositif de déduction fiscale pour les personnes qui investissent dans les PME nouvelles, mais aussi l'extension du champ d'application de la réduction d'impôt au titre du don aux oeuvres pour les dons versés aux associations aidant à la création d'entreprises.

    C'est bien souvent un élément essentiel pour les tous premiers développements, souvent même en amont de la création d'entreprises proprement dite.(les bourses dans les incubateurs relèvent de cette logique)

    Mais la plupart du temps, en dehors de cas exceptionnels le montant de leur intervention dépasse difficilement 300 à 500.000 F.

    Notre " gap " se situe donc entre 500 KF et 5 MF et, dans des phénomènes de croissance, il est bien difficile de sauter une étape même quand celles-ci, comme c'est le cas des NTIC, peuvent se succéder à un rythme très rapide.

    e) Les "fonds d'amorçage" (Seed Money) : une bonne solution pour les entreprises technologiques

    Conscient de cette carence, l'Etat commence à créer de tels fonds (BIO - amorçage, Emertec, ...) sur le modèle de I-source créée par l'Inria dont le succès est tout à fait encourageant Le lancement prochain d'un appel à propositions dans le cadre d'un fonds d'amorçage doté de 200 millions de francs représente également un début encourageant venant partiellement combler une lacune

    Leur gestion devrait être confiée à des organismes privés.

    C'est à l'évidence une pierre importante qui est ajoutée au niveau des fondements de l'édifice.

    On peut penser que ces fonds seront bien adaptés pour des projets issus de la recherche mais on peut craindre qu'ils le soient beaucoup moins pour les innovations "d'usage" issues d'une analyse des besoins du marché comme E*trade ou Autobytel.

    f) Les aides publiques : problèmes d'adaptation et de vitesse

    Bien adaptées au financement de prototypes technologiques dans des marchés stabilisés, les aides publiques (ANVAR, DRIRE, aides des collectivités locales,...), permettent d'apporter une contribution substantielle au plan de financement.

    Elles ne peuvent cependant répondre complètement à la question pour deux raisons :
     

    Les procédures d'aide peuvent même être contre-productives lorsque leur perfectionnisme est excessivement chronophage.

    De nombreux créateurs insistent sur le fait que certains gestionnaires de procédures privilégient le "beau dossier" par rapport au "bon projet". Or la vitesse est, dans les secteurs des NTIC le facteur essentiel de la réussite

    Ce n'est plus le gros ou le "très bon" qui mange le petit ou le "pas encore tout à fait au point", mais le rapide qui mange le lent : cette critique est revenue très fréquemment dans nos interviews qui ont rappelé le célèbre propos d'Andy Grove : "in a few years, companies will be classified in two categories : the Quick and the Dead".

    g) Les Business Angels: l'élément clé du dispositif

    La carence essentielle qu'il faut pallier aujourd'hui est donc entre la "love money" et le "capital risque".

    C'est le stade des premiers développements qui nécessitent un financement entre 500.000 F et 5 MF et qui constitue un métier très particulier nécessitant une capacité de décision rapide, sans analyse lourde de dossiers préalable à l'engagement : c'est ce que les Anglo-Saxons appellent les "Business Angels" terme que nous adopterons en attendant qu'un équivalent français fasse l'unanimité.

    Ce sont quasiment toujours des industriels (et non des financiers), qui la plupart du temps ont créé une entreprise, voire sont des multirécidivistes (Serial entrepreneurs) : ils ont de l'argent, du temps, de l'expérience, une connaissance du marché, un bon carnet d'adresse et une crédibilité sur la place.

    Ils ont une volonté d'entreprendre chevillée au corps et leur volonté de "faire fortune" n'est souvent pas leur motivation principale (ils auraient en général les moyens de prendre de longue, heureuse et paisible retraite dorée). Certains expriment l'idée que l'entreprise qu'ils avaient créée au départ leur avait apporté des joies analogues à celle ressenties avec leur propre progéniture mais qu'à travers leur métier de business Angels ils retrouvent les plaisirs des grands-parents : la joie des parents sans les soucis quotidiens

    Le business angel doit ainsi être capable


     
    Il peut investir à titre principal dans 4 ou 5 entreprises bien qu'il n'y ait évidemment pas de règles générales dans ce domaine (mais il peut aussi, aussi à titre secondaire investir avec d'autres Business Angels dans le cadre de Clubs qui permettent de mutualiser un peu les risques).

    Enfin son rôle est crucial en cas de succès pour bâtir le tour de table de l'étape suivante : c'est là que sa crédibilité personnelle peut apporter un "plus" décisif .

    L'importance de la population des Business Angels est très variable selon la définition donnée à cette activité. Selon certains, il y aurait aujourd'hui de 100 à 400 personnes en France susceptibles d'investir plus de 100.000 euros dans des jeunes entreprises en création avec le profil défini ci-dessus. D'autres estiment cette évaluation beaucoup trop malthusienne, compte tenu du potentiel important créé par le marché, et par une image de marque désormais valorisée et en voie d'être reconnue (l'opinion publique se rend compte en effet qu'ils créent de l'emploi qualifié dans des métiers d'avenir).

    La création du nouveau marché et le dynamisme que celui-ci a donné au capital risque a été en outre un facteur d'accélération considérable.

    (Les Business Angels seraient avec la même définition 250.000 aux Etats-Unis avec une capacité d'investissement de plus de 20 milliards de $, en partie grâce aux succes stories qu'ont connues ce pays, et aux rachats de petites sociétés prometteuses par des grands groupes qui ont permis aux anciens créateurs de démultiplier leurs capacités d'entreprendre en investissant sur de jeunes entrepreneurs).

    Progressivement les réseaux s'organisent : ils permettent les échanges d'expérience, mais aussi une fonction "place de marché" qui aident le créateur à rencontrer le Business Angel le plus pertinent

    Ce "matching" n'est évidemment pas simple car il faut trouver un partenaire qui connaît le marché que vous visez, mais aussi avec lequel vous pouvez développer des relations humaines de confiance très fortes, ingrédient indispensable dans ce type d'aventure souvent mouvementée, nécessitant des décisions rapides, risquées, et pas toujours agréables.

    voir par exemple :

    http://www.business-angels.com

    http://www.chaussonfinance.com

    http://www.clubbusinessangels.com

    http://www.defi-startup.com

    http://www.ipen.com

    http://www.financement-pme.com

    http://www.europe-acquisitions.com

    http://www.proxicap.com

    http://www.apce.com

    http://www.capital-initiative.com

    http://croissanceplus.com

    http://www.leonardo.asso.fr

    http://www.leonardofinance.fr

    http://www.network-conseil.com

    http://www.people-international.com

    certaines Chambres de Commerce, dans le cadre de conventions, ont noué des partenariats avec ces réseaux et sont susceptibles, outre leur rôle de conseil, d'en faciliter l'accès (Joël Saingré CCIP jsaingre@ccip.fr )

    D'autres initiatives sont prises dans ce domaine pour favoriser les rencontres entre BA et porteurs de projet :

    Les premières expériences de réunions de présentation de projets de création à des investisseurs sont intéressantes, même si elles n'atteignent pas encore aujourd'hui le degré de professionnalisme et de taille de certaines de celles organisées aux Etats-Unis. Il est remarquable de constater que leur dimension s'accroît rapidement. Les 17 et 18 mars 1999 une manifestation d'ampleur est organisée en France (capital IT : http://www.capital-it.com ) : elle devrait permettre de se rapprocher du niveau de professionnalisme américain.

    L'un des Business-Angel nous a déclaré: "aujourd'hui nous osons nous montrer et nous ne sommes plus considérés comme d'affreux capitalistes, mais comme ayant une activité vertueuse, créatrice d'emplois et d'innovations".

    Il reste sans doute à faire en sorte que sur le plan fiscal ce type d'investissement soit traité de façon au moins aussi favorable que les placements immobiliers ou les objets d'art.

    Des progrès ont été faits dans le cadre de la loi de finances pour 1999 pour les business angels : la possibilité est maintenant offerte aux entrepreneurs ayant cédé tout ou partie de leur participation dans une entreprise et réinvestissant leur gain dans une entreprise nouvelle, de reporter l'imposition de ce gain à la date de cession de ce nouvel investissement.

    Cet effort doit cependant être activement poursuivi dans l'optique de substituer une forme active et créative de travail sur du capital à la rente capitalistique traditionnelle en assurant en aval un contexte fiscal "compétitif" par rapport à nos pays concurrents (notamment les pays anglo-saxons).

    Proposition

    A cette fin, les investissements de particuliers de type capital risque seraient certainement accrus dans des proportions notables par une déductibilité de l'ISF des montants affectés à ce type d'activité (comme c'est aujourd'hui le cas pour les oeuvres d'art dont l'utilité sociale n'est peut-être pas aussi grande) :

    On aurait ainsi une orientation automatique du produit de cet impôt vers des activités à croissance rapide, induisant des comportements des individus le plus éloignés possible de la rente, ce qui va dans le sens d'une meilleure efficacité collective. On limiterait simultanément les motivations d'évasion fiscale de hauts potentiels, certains des business Angels français les plus en vue s'étant d'ores et déjà installés à Londres et à Bruxelles

    Par ailleurs le niveau de déductibilité des impôts sur le revenu qui existe aujourd'hui pour l'investissement dans une entreprise non cotée de 150 KF pour un couple, devrait être aligné dans leur montant plafond sur ce qui se pratique dans l'immobilier (où l'ordre de grandeur est de 1 MF pour un couple).

    E Un problème important et urgent : le danger d'adopter une réglementation à l'américaine en matière de brevets sur les logiciels

    Un projet de directive européenne propose de remettre en cause la non brevetabilité des logiciels, garantie aujourd'hui par la directive européenne du logiciel de 1991.

    Sans remettre en cause le principe général des brevets qui permet de rentabiliser l'effort de recherche des entreprises en leur offrant une situation d'exclusivité commerciale pendant une période de vingt ans, les participants des journées de l'ISOC à Autrans les 8 et 9 janvier 1999 ont constaté que la pratique actuelle des brevets sur les logiciels aux Etats-Unis et au Japon conduit à un détournement de la procédure pour paradoxalement verrouiller l'innovation en "minant" le terrain vis-à-vis des nouveaux entrants par le dépôt de nombreux brevets qui ne se justifient pas par le caractère original ou majeur d'une invention.

    Plus de 35 000 brevets sur les logiciels sont par exemple déposés chaque année au Japon à mettre en regard des 70 000 brevets, tous domaines confondus, qui sont déposés chaque année en France

    Le nombre considérable des brevets sans réelle valeur qui sont déposés auprès des organismes de protection de la propriété intellectuelle conduit à noyer le système de classification et de recherche d'antériorité jusqu'à le rendre pratiquement inopérant.

    Ce type de brevets est alors utilisé comme un instrument de blocage de l'émergence de nouveaux concurrents par certains éditeurs de logiciels dont l'assise financière leur permet d'effectuer de nombreux dépôts et d'engager des poursuites contre les start-ups innovantes qui menacent leurs positions commerciales : même s'ils ont peu de chance de gagner leur procès devant un tribunal le pouvoir de nuisance que leur confère cette réglementation (frais de justice, temps et énergie perdu par la jeune entreprise) est extrêmement dissuasif et les met en position d'imposer à celles-ci des contrats léonins.

    Un leader du marché affirme d'ailleurs dans une note stratégique interne que l'usage des brevets doit être envisagé pour combattre l'essor des logiciels libres.

    De ce fait, le projet européen dans son état actuel constitue une menace pour le développement des logiciels libres qui se sont révélés, à l'initiative de nombreuses start-ups européennes et américaines, être un moyen naturel de rétablir une libre concurrence et le strict respect de normes communes sur un marché où les stratégies anti-concurrentielles de certains grands éditeurs imposent l'intervention de la puissance publique.

    Propositions
     

    il est proposé, qu'avant d'adopter tout texte réglementaire sur les brevets logiciels en Europe, que l'on procède à une étude fine de ses risques d'effets pervers afin
    IV. Evaluation de la situation actuelle de la création d'entreprises en France : nécessité de mettre en place un système d'observation

    Pour pouvoir mesurer l'ampleur du problème, évaluer l'efficacité des différentes mesures prises, bénéficier de l'expérience des pays avec lesquels nous sommes en compétition il conviendrait de disposer des moyens d'évaluer :

    Des études comparatives devraient en outre analyser les décalages quantitatifs et qualitatifs avec ces pays.
    Il serait également intéressant de mieux connaître les profils des créateurs : est-ce plutôt un informaticien, un ingénieur , un autodidacte, un spécialiste du marketing, un artiste ou plus généralement quelqu'un relevant du secteur culturel ?

    À quel âge crée-t-on une entreprise ? est-il vrai que les créateurs sont de plus en plus jeunes dans le secteur des NTIC ?

    Aujourd'hui il n'existe pratiquement aucun élément permettant d'apporter des réponses mêmes approximatives à ces questions

    Proposition

    L'agence pour la création d'entreprises ( http://www.apce.com) paraît la structure adaptée pour conduire une telle étude, mettre en place les indicateurs pertinents, développer les contacts adéquats avec ses homologues étrangers, notamment européens et surtout pour assurer un suivi dans le temps de ces analyses

    Nous procédons à l'élaboration du cahier des charges d'une telle étude

    Par ailleurs, sur le plan qualitatif, il serait souhaitable de mobiliser des équipes d'élèves ingénieurs ayant déjà pour projet professionnel la création d'entreprises pour interviewer de jeunes créateurs afin d'analyser les blocages que ceux-ci ont rencontrés, ou à l'inverse des concours dont ceux-ci ont pu bénéficier, afin de pouvoir formuler des propositions pour améliorer l'environnement offert aux jeunes entreprises en France. L'école des mines d'Alès, qui s'est largement impliquée dans ce processus pourrait jouer un rôle de pilote pour cette opération
     
     

    V. Autres problèmes signalés

    1. Ouvrir l'accès des marchés publics aux créateurs

    Le développement des téléprocédures et la réflexion sur les marchés publics qui devrait être conduite à cette occasion, devraient prendre en compte la nécessité de donner leur chance aux PME de création récente en leur permettant de proposer des solutions innovantes

    2. Difficulté à trouver des cadres expérimentés : rétablir les stock options

    notamment dans le domaine du marketing et de l'informatique qui acceptent de travailler dans des PME, structurellement fragiles, et ne pouvant pas offrir le salaire des grands groupes : ce problème déjà mis en exergue l'an dernier dans le groupe animé par JB. Séjourné pourrait trouver une solution grâce au développement dans notre pays du mécanisme des "stock options", une fois levées les difficultés qui sont apparues à leur encontre lors de la première présentation de la loi sur l'innovation.
     

    VI. Liste des personnes consultées (à compléter)

    Michalle APPENDINO NET PARTNERS Fax 01 46 99 91 90

    F. ARTRU ODISEI Fax 04 92 94 68 31

    artru@odisei.com

    Virginie BERUTTI DRIRE Ile de France Fax 01 44 59 47 00

    Virginie.berutti@industrie.gouv.fr

    François BOURDONCLE Ecole des Mines de Paris Francois.Bourdoncle@ensmp.fr

    Gilles BOURON Service Innovation Qualité - Industrie Fax 01 43 19 27 23

    BRUZEAU CD & CO Fax 01 41 32 34 37

    m.bruzeau@cdandco.com

    Mme CARPENTIER CROISSANCE PLUS Fax 01 49 09 09 11

    tuve@croissanceplus.com

    carpentier@croissanceplus.com

    Robert CHABBAL Conseil Général des Mines (D) rchabbal@club-internet.fr

    Jean-Christophe CHABRERIE Professional network Group http://www.business-angels.com

    Managing partner http://professional-networks.com

    Christophe CHAUSSON CHAUSSON Finance cc@chaussonfinance.com

    www.clubbusiness-angels.com

    http://www.chaussonfinance.com

    Gilles COVILLE Le Revenu français (le Revenu hebdo) entrep@lerevenu.com

    gcoville@lerevenu.com

    Gilles d' ANCHALD MEFI/DPMA/SDI gilles.d'anchald@dpa.finances.gouv.fr

    Pierre.bouchara@industrie.gouv.fr

    Jean-Marc DAUMESNIL Marché gros titre Fax 01 53 45 88 89

    dumesnil@mgt.fr

    Antoine DECITRE Defi Start-up - Association SICOB Fax 01 55 35 06 01

    decitre@defi-startup.com

    ou Jean-Luc RIVOIRE pour la création d'entreprises rivoire@defi-startup.com

    de GALDERIC SABATIER FINANCES sabatier@budget;finances.gouv.fr

    Yves DELACOUR LEONARDO Finances www.leonardo.asso.fr

    www.leonardofinance.fr

    contact@leonardofinance.fr

    yves.delacour@leonardofinance.fr

    Thibaut de MONCLIN Surgery on line Thibaut@surgeonline.com

    Guy DEQUEKER Réseau Entreprendre guydequeker@reseau-entreprendre.org

    Frédéric DESCLOS CCI de Paris desclos@ccip.fr

    JJ. DUBY Directeur Supelec Fax 01 69 85 12 34

    Jean-Jacques.Duby@supelec.fr

    J. DUMOLARD DRIRE Auvergne Fax 04 73 34 91 38

    Charles DUNSTON Leonardo / Wis cdunston@wis.fr

    Patrick FEIBELMANN Capital Initiative network@hrnet.fr

    03.89.61.96.36

    info@network-conseil.com

    Georges FISCHER CCI PARIS Fax 01 55 65 72 08

    fischerg@ccip.fr

    Eric GAILLAT gaillat@ipen.com

    http://www.ipen.com

    P. GUGLIELMETTI INTEGRA Fax 01 41 33 36 33

    guglielmetti@integra.fr

    sylvietizon@integra.fr

    Gilles GUERRE ARIA DENTAL Fax 04 78 51 27 27

    mailto:gguerre@club-internet.fr

    Jean Philippe GUILLET Activ System guille@activ.system.com

    01.45.51.22.23

    guillet@activ-system.com

    www.people-international.com

    Fax 01 45 51 56 86

    René HANS Fax 03 89 66 29 36

    hansr.expertcompt@dial.oleane.com

    Olivier HERSENT CNET Fax 01 40 71 97 88

    olivier.hersent@cnet.franceteleco.fr

    François HUREL Délégué général de l'APCE 01.42.18.58.01 fax : ~.04

    Info@apce.fr

    http://www.apce.com

    Daniel KAPLAN Consultant dkaplan@terra-nova.fr

    http://www.dkaplan.net

    Laurent KOTT INRIA Fax 01 39 63 58 88

    Laurent.Kott@inria.fr

    Eric LAURENT-RICARD Business Models Eric.Laurent@utopia.EUnet.fr

    Hugues LE BRET EURO RSCG Hugues.le-bret@eurorscg.fr

    Benoît LEGAIT Ecole des Mines de Paris legait@dr.ensmp.fr

    Legait@paris.ensmp.fr

    Sophie LE PALLEC MEDEF Fax 01 47 23 47 32

    sle.pallec@medef.fr

    Robert MAHL ENSMP mahl@cri.ensmp.fr

    Fax 01 64 69 47 09

    Michel MEYER Multi Mania michel@mmania.com

    Multimédia Productions Fax 01 42 46 10 57

    Arnaud MONNIER Altima (conseil/formation) amonnier@altima.fr

    Denis PAYRE Croissance Plus dpayre@croissanceplus.com

    dpayre@hotmail.com

    Marc PONCET Proxicap 04.72.52.01.40/fax :~49

    Info@proxicap.com

    Grégoire POSTEL-VINAY MEFI DiGITIP OSI gregoire.postel-vinay@industrie.gouv.fr

    Jean-François PRAT Proxicap Fax 01 40 21 24 00

    Info@proxicap.com

    Professional Networks Fax 01 47 47 91 93

    www.business-angels.com

    aubin@business-angels.com

    Claude RAMEAU Vice Président INSEAD 01.84.52.08.54/fax : 01.64.38.41.06

    Adjoint au maire de Melun www.insead.fr/Departements/TM/Rameau

    Claude.rameau@insead.fr

    Sonia RAMEAU SR Net Consulting srameau@compuserve.com

    01.42.36.13.41

    Jonathan ROBIN Directeur Général ColorNet Jrobin@atelier.fr

    Jean Pierre ROWENCZYK APCE Rowen@apce.com 01.42.18.58.05

    http://www.apce.com

    Joël Saingré CCIP jsaingre@ccip.fr

    Jean SALWA Fédération de 12 associations " love money pour l'emploi " 01.48.00.03.35

    Fax 01 48 24 10 89

    Didiersalvat@lovemoney.org

    Christian SCHERER CGP - Evariste scherer@ensmp.fr

    Christian.scherer@mines.org

    Jean-Paul SMETS DRIRE Lorraine Fax 03 87 76 97 19

    Jean-paul.smets@mines.org

    Daniel TUROVER INPACT InPact@compuserve.com

    04.79.24.47.80

    Jean Paul VAILLANT MEFI-DiGITIP- SEINE Jean-Paul.Vaillant@industrie.gouv.fr

    Alain VANICHE Direction de la Technologie - MENRT Fax 01 46 34 38 71

    alain.vaniche@mines.org

    Jean-Luc VO VAN QUI DARPMI jean-luc.vo-van-qui@industrie.gouv.fr

    Jean-luc.vo-van-qui@mines.org

    Jean Michel YOLIN MEFI -CGM Jean-Michel.Yolin@industrie.gouv.fr

    Jean-michel.yolin@mines.org