La
CCI de Bayonne a mené une très interessante enquête
auprès de ses ressortissants pour lancer un plan d'action http://www.bayonne.cci.fr/action_cci.asp#5
Premières
réactions par Jean-Michel YOLIN
Tout d'abord bravo pour ce remarquable travail qui va constituer maintenant une base essentielle pour la réflexion tant individuelle que collective dans votre région. Ce document est d'autant plus intéressant qu'au delà d'une analyse très pertinente il propose sur chaque point clés des pistes d'action opérationnelles
Soulignons tout d'abord, et cela ressort des réponses des PME "Championnes", qu'Internet n'est nullement une "haute technologie" ni un "media" mais tout simplement un outil de compétitivité accessible à la plus petite des entreprise et qui permet avant tout d'ECONOMISER de l'argent (achats, stocks, coûts administratifs, service après vente, coûts commerciaux, …), d'accroître la réactivité et la flexibilité, d'améliorer la qualité du service rendu au client et ainsi de le fidéliser (celui qui est à l'autre bout du monde mais aussi celui qui habite la porte à coté…)
En examinant les résultats de cette enquête on constate que les entreprises industrielles, notamment dans la mécanique, ont maintenant pour nombre d'entre elles commencé à comprendre les enjeux : dans le secteur aéronautique, mais ce n'est qu'un exemple, la conception et la construction puis la maintenance d'un avion nécessite une interconnexion totale via Internet des systèmes informatiques de toute la chaîne depuis le donneur d'ordre jusqu'à la PMI sous-traitante de quatrième niveau constituant ainsi des "extranets".
Même si beaucoup reste encore à faire pour la mise en place effective de cette nouvelle organisation la prise de conscience, notamment à travers le programme e-pme commence à se faire car les enjeux sont considérables : diviser par deux les coûts et les délais de conception, diviser par 10 les coûts administratifs, réduire drastiquement stocks et en-cours et par là même les besoins de capitaux, tenir au jour près le planning par une gestion fine des incidents tout au long de la chaîne,…
Un étonnement par contre en constatant que des professions qui auraient le plus à gagner se trouvent parmi celles qui sont en retard : le BTP, le commerce de proximité et le tourisme.
Cela est sans doute du au fait (corroboré par d'autres tableaux) qu'Internet est encore trop vécu uniquement comme un outil interne pour la PME alors qu'en fait, Internet est l'outil des transactions (techniques, commerciales, financières, décisionnelles, informationnelles, administratives,…) et il ne donne sa pleine mesure que lorsqu'il devient le "système nerveux" d'un réseau d'entreprise conférant aux petites structures la puissance des grosses tout en leur conservant leurs atouts propres que sont la flexibilité, la réactivité et la capacité d'innover
* pour le BTP Internet est l'outil qui permet à l'architecte de concevoir son projet en interaction avec les besoins du client, puis de coordonner la conduite du chantier avec les nombreux intervenants (y compris les financiers, les organismes de contrôle, le maître d'œuvre, les administrations,…) et dans une seconde étape de conserver la mémoire du chantier pour la maintenance ultérieure des bâtiments.
N'oublions pas qu'à partir de 2005 tous les appels d'offre publics seront sur Internet au niveau européen (et que les réponses pourront l'être aussi), ce qui va considérablement changer le fonctionnement de la concurrence en réduisant l'atout que constitue la proximité
* Pour le tourisme, qui par définition s'adresse à des clients qui habitent loin, il permet d'apporter une réponse globale à ses problèmes : où dormir (hôtels, camping, chez l'habitant, location,..), où manger, que visiter (réservations pour des spectacles, festival,…), quels moyens de transport (location de voiture, vélos, …), comment y aller (train, avions, …) … mais aussi l'information sur l'histoire de la contrée, sa géographie, ses spécialités culinaires, ses musiques, son artisanat, ses festivités.
On voit bien dans ce cas l'importance d'une approche collective permettant d'apporter une réponse globale (à la fois marchande et non marchande) au visiteur potentiel et d'avoir un outil capable d'assurer une promotion internationale puissante …voire un "service après-vente" comme par exemple offrir la possibilité d'organiser une soirée basque à votre retour de voyage en proposant produits culinaires, recettes, musique, décoration, cadeaux...
Bien entendu chaque acteur garde la maîtrise de ses outils Internet (et il peut participer à d'autres réseaux, comme sa chaîne d'hôtel par exemple) mais , et c'est un des apports majeurs d'Internet, le "Portail" du "pays" vous met en mesure de faire une proposition globale organisée en fonction de l'ensemble des besoins du client au lieu d'offres partielles et disparates organisées autour de produits et services qui vont obliger ce dernier à rechercher ceux-ci un par un pour organiser sa visite. Cela permet en outre une offre beaucoup plus riche que les produits de tourisme "prépackagés" par des agences spécialisées
Une remarque en passant : les multiples renvois ("liens") entre ces sites améliore considérablement leur visibilité et donc leur classement par les moteurs de recherche car c'est un des critères majeurs pris en compte
* Pour le commerce de proximité : on pense souvent seulement aux relations avec le client, n'oublions pas que c'est dans les relations avec les fournisseurs que les gains peuvent être les plus importants quand les grossistes sont eux-mêmes équipés (prise de commande intégrée à la facturation, la comptabilité et la gestion des stocks, information sur les produits nouveaux, analyse fine des ventes permettant d'optimiser l'offre produit en fonction de la zone de chalandise, démarches administratives et fiscales,…: tout cela peut être dématérialisé avec des coûts divisés par 10). Internet permet aussi le fonctionnement efficace de réseaux de commerçants ou d'artisans (achats groupés, semaines commerciales, …)
Aller de l'avant , notamment dans ces trois secteurs, implique des actions collectives associant tous les protagonistes concernés : L'utilisation d'Internet, en tant qu'outil majeur de la relation interentreprise nécessite en effet que chacun des partenaires impliqués soit équipé et organisé de façon homogène.
C'est sans doute là que l'action des organismes en charge de l'intérêt public et tout spécialement des organismes consulaires se justifie le plus pour organiser ce travail collectif : information, sensibilisation, prédiagnostics, formation, élaboration d'une stratégie collective, accompagnement du projet, animation de clubs d'entreprises…
Autre point relevé dans cette enquête, la réticence des entreprises à mettre des éléments confidentiels (les prix par exemple) dans leurs sites de peur qu'un concurrent ne les exploite : cela révèle la méconnaissance d'un principe pourtant essentiel, le "principe de la minijupe" qui s'applique tout particulièrement aux sites destinés au commerce interentreprises "en montrer assez pour retenir l'attention du prospect mais pas trop pour cacher ce qui n'a pas vocation à être exposé en public" et ensuite après identification de l'interlocuteur, si c'est bien un partenaire, se découvrir davantage après s'être mis a l'abris des regards indiscrets (l'incontournable extranet). Un site normal dispose en effet d'une partie publique accessible à tous et d'une partie à accès restreint où votre client accèdera, après avoir montré patte blanche, par exemple à votre catalogue avec la gamme de prix qui lui est propre
Il est symptomatique du retard de notre pays de vérifier une fois de plus dans les réponses à ce questionnaire que ce sont nos PME qui travaillent avec des entreprises étrangères (les exportateurs) qui ont le mieux exploité les potentialités de l'Internet : il faudra savoir profiter de leur expérience pour aider les autres (notamment celles qui ont elles aussi l'ambition d'exporter) à maîtriser ces outils de compétitivité incontournables dans la "nouvelle économie" c'est à dire "l'économie tout court de demain", "e-business is business" comme c'est très bien dit dans cette synthèse.
Un autre point que je voudrais souligner est que les compétences existent souvent déjà à l'intérieur des entreprises (souvent à l'insu de leurs dirigeants), notamment chez les jeunes qui sont "nés dedans" : une première initiative consisterait à détecter ces talents et à leur donner les moyens de s'exprimer. Connaissant les problèmes de l'intérieur ils sauront souvent de façon économique et efficace contribuer à aider l'entreprise à amorcer son évolution, parfois même de façon plus pertinente qu'une "web agency"
Pour aller plus loin dans cette voie penser aux CFA dont les élèves se passionnent facilement pour ces technologies. Ceux-ci pourront être des vecteurs de développement très efficaces pour les entreprises qui les accueillent (le budget nécessaire pour développer des compétences internet dans un CFA est quasi nul : les ordinateurs peuvent provenir de dons d'appareils d'occasion par les grandes entreprises (notamment les banques), les logiciel gagneront à être des logiciels libre et gratuits qui sont en outre plus sur et plus efficaces, et la formation a tout intérêt à être faite par la méthode du "grand frère" qui se rapproche d'ailleurs beaucoup de la pédagogie même du maître d'apprentissage)
Enfin cette enquête met clairement en exergue l'énorme handicap que représente notre retard sur le plan des infrastructures : le bas débit interdit ou rend très onéreux et non ergonomique de nombreuses applications ce qui génère des taux d'insatisfaction considérables et par voie de conséquence une faible pénétration des usage les plus utiles et, in fine, un retard de compétitivité de nos entreprises qui peut se révéler à terme dramatique
Le "bon" débit (ADSL bridé et donc d'un débit inférieur à 2 Megabps malheureusement trop souvent vendu comme "haut débit" par des commerciaux peu scrupuleux)) permet déjà un progrès notable, mais encore très limité (on note déjà un taux de satisfaction et donc de développement des usages plus notable), mais seul le haut débit (plus de 2Mbps) apportera la puissance nécessaire (par exemple les récentes offres de télévision ADSL utilisent 5 Mbps).
Notons que ce ne sont pas nécessairement les entreprises de "haute technologie" qui ont le plus besoin de haut débit : la PME de mécanique qui a besoin d'échanger des plans de CAO, l'entreprise qui doit télécharger un gros logiciel, le service après-vente qui a besoin transmettre l'image d'une pièce cassée, le service commercial qui doit envoyer une photo à l'imprimeur, un cours de formation à distance sur l'affûtage d'une scie ou le démontage de l'électronique du tracteur qui utilise une présentation vidéo, la possibilité de discuter en téléconférence avec votre client en lui montrant l'avancement des travaux dans sa résidence secondaire,…
Je constate avec plaisir que les collectivités locales ont pris conscience de l'importance de l'enjeu des infrastructures et de la nécessité de faire émerger une concurrence forte pour que les entreprises puissent mettre enfin en compétition plusieurs opérateurs, gage d'un service convenable en terme de qualité, de réactivité et de prix. La loi va leur permettre de passer à l'action
Le rôle des organismes consulaires, en dehors du développement des usages performant, me paraît pouvoir être d'apporter, dans le cadre de cet effort collectif, leur connaissance fine du tissu économique pour que ce plan de développement des infrastructures épouse au mieux les besoins des entreprises, permettant à celles-ci de maintenir leur compétitivité et donc de se développer dans la dure compétition mondiale, créant ainsi richesse et emploi
Information
auprès de Frédéric Péres – Pôle TIC –
CCI Bayonne Pays Basque – tél. 05.59.46.59.53
ou
par e-mail : f.peres@bayonne.cci.fr